La subtile mise en vis-à-vis de deux arcs, Apparent (dhâhir) et Occulté (bâtin)

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
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الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله

La subtile mise en vis-à-vis de deux arcs, Apparent (dhâhir) et Occulté (bâtin)

Résumé de l’assise du 07 Août 2015 / Jumu’a 21 Chawwâl 1436 [Partie 1] :

Après que nous soyons parvenus, de la Hadra de la pérennité (khouloûd), au degré de la wilâya… ou, dit autrement, après que nous ayons découvert et connu le Alif al-mouqaddar au travers des degrés de la noubouwa et de la risâla, ainsi que de la markaziya, ou la barzakhiya du degré de la wilâya… nous sommes à présent parvenus à cette étape qui nous révèlera comment Allâh introduit le disciple, ou celui à qui Il aura voulu et décrété un bien, au lâm al-qabd.

Nous avions vu que concernant le Alif al-mouqaddar, sa partie supérieure correspond aux gens de la risâla, tandis que sa partie inférieure correspond aux gens de la noubouwa. Quant à son centre (markaz), il réunit les différents degrés des gens de la wilâya, ou dit autrement, il renvoie à al-Insân al-Kâmil.

Hier, l’un des frères, le faqîr Mustafa, a posé une question concernant la science divine de l’inconnaissable (ghayb). A cela nous répondons par la Parole d’Allâh ﷻ : « Non ! Je jure par les emplacements des étoiles, et c’est vraiment un serment immense, si vous saviez. Et c’est certainement un Coran noble, dans un Livre bien gardé que seul les purifiés touchent ; c’est une révélation du Seigneur de l’univers [1]. » Selon cette science divine à laquelle se réfère l’ensemble des gens d’Allâh, la Table gardée (al-lawh al-mahfoûdh) est considérée par certains comme étant un emplacement dans lequel sont inscrites les choses, de la même manière que l’Homme pourrait écrire sur du papier… ceci se trouve dans le Livre marqoûm, le Livre marqoûm étant le Livre réunissant l’ensemble des allusions subtiles et ésotériques (ichâra), et il s’agit du Livre qui n’omet aucun mouvement (haraka) ni immobilité (soukoûn).

Dans un Hadîth, sayiduna al-Mustafa ﷺ nous dit : « Allah créa une Table (lawh) gardée à partir d’une perle (dorra) blanche. Ses deux planches sont en rubis rouge. Sa plume (qalam) est un éclair et son écriture est une lumière. Elle est aussi large que l’espace entre les cieux et la terre. Chaque jour, Il la regarde trois cent soixante fois. Avec chacun de Ses regards, Il crée, donne la vie, donne la mort, élève ou rabaisse Ses créatures, et Il fait ce qu’Il veut. [2] » La Table (lawh) a donc été créée à partir d’une perle blanche… mais nulle part il n’est dit que Allâh ﷻ ait créé cette perle blanche ! Si tu prends conscience de cela, l’intellect se trouve mis en échec et incapable de rechercher et déterminer quelle serait l’origine de cette perle blanche. Et ce Hadîth est un Hadîth authentique, il n’y a pas de problème par rapport à cela.

Allâh ﷻ jure, dans Son noble Livre, et dit : « Noûn, par la Plume (qalam) [3]. » Noûn ( ن ) fait partie des lettres Lumineuses par lesquelles Allâh ﷻ jure dans le Coran. Certains ont ainsi affirmé qu’ici, le noûn est en réalité la Table (lawh). Pourquoi ? Tout simplement parce que Allâh ﷻ l’a mentionné avec la Plume (qalam). Selon l’affirmation de certains donc, le noûn est la Table gardée, al-lawh al-mahfoûdh, dans laquelle se trouve ce qui était, ce qui est et ce qui sera. Le noûn, c’est la Science d’Allâh, concernant la création… mais qu’il faudra bien distinguer de la Science du Vrai. Parce que du fait du manque de compréhension et de l’étroitesse d’esprit des gens, certains s’imaginent qu’à partir du moment où ils reçoivent un dévoilement (kachf) leur faisant atteindre une connaissance relevant du ghayb, ce dévoilement relève forcément de la Science du Vrai. Alors que non.

La Table (lawh), qu’y a-t-il d’inscrit en elle ?
Ce qui s’y trouve, ce ne sont que des choses concernant ce qui est créé. Cela veut dire que, même si tu restais assis en retraite spirituelle (khalwa), jusqu’à ce que se révèle à toi la Table gardée, et que tu commences à la regarder d’une vision claire et limpide… ne t’imagine pas que ça y est, tu as de ce fait atteint des compréhensions immenses, et tu fais partie d’un groupe restreint de gens absolument extraordinaires… non, de cela tu ne dois comprendre qu’une seule chose : malgré tout ce que tu peux atteindre, tu restes confiné au domaine de ce qui est créé, uniquement. Et le domaine de ce qui est créé, ce n’est pas le domaine de la Science du Vrai. Donc même si tu parviens à un degré spirituel depuis lequel tu recevrais des flux ésotériques directement de la Table gardée… même si tu venais chaque matin nous rapporter ces sciences et ces secrets… sache que quoi qu’il arrive, ce dont tu parles ne se limite qu’au domaine de ce qui est créé, et non pas à ce qui relève de la divinité, du Vrai. La Science du Vrai n’est pas inscrite dans une Table ! Ce qui a été inscrit dans la Table gardée, ce sont les nawâmis al-ilâhiya, relatives au « comment » de la créature : quand sera-t-elle créée, quels seront ses actes, sa subsistance, ses mouvements, ses états d’immobilité… c’est-à-dire tout ce qui est lié à sa nature créée. Dans cette Table, il n’y a rien de ce qui concerne le Vrai ﷻ Lui-même.

Voilà donc pourquoi le noûn ( ن ) est fait d’une moitié de cercle. Cet arc de cercle de la création est complété par celui du Vrai, établissant ainsi le lien intrinsèque entre les deux arcs… et si ces deux arcs se rencontrent et sont tous deux des arcs cernant et englobant la Science toute entière, alors la rencontre subtile des deux demi-cercles fait apparaître le Alif al-mouqaddar.

Donc concernant la Table gardée, elle ne contient pas de Science relevant proprement de la divinité, mais elle est gardée, préservée de tout changement et de toute modification. Car la Science d’Allâh est stockée dans la Table de Son Essence. La Science d’Allâh ne se retrouve pas dans al-lawh al-mahfoûdh, mais dans la lawh de Son Essence (dhât) ﷻ !
Alors évidemment, la Table gardée a une part des caractéristiques découlant des Lois, des Actes et des Attributs divins, mais toujours sous une forme de confinement (taqyid), sous la Science d’Allâh ﷻ, qui est Sa Science cachée et insondable (‘ilm al-maknoûn). Car ces caractéristiques que sont les Lois, Actes et Attributs divins, ne sont à cette Science du maknoûn que ce que sont les vagues dans l’océan : les vagues ne sont jamais séparées de l’océan. Quant à l’océan lui-même, la présence ou non de vagues en lui ne lui ajoute ni ne lui retire rien de ce qu’il est. « Allâh peut largement se passer des mondes créés [4]. »

Toutes ces sciences qui furent inscrites dans la Table gardée (al-lawh al-mahfoûdh) concernent exclusivement ce monde illusoire. Ou plutôt, il s’agit de ce qui influence et même gouverne cette grande illusion, dans son entièreté. Et si tu penses que la Science d’Allâh est directement liée à cette Table, et bien sache qu’au contraire Allâh ﷻ peut tout à fait se passer d’elle et de ce qui y est inscrit. C’est comme si elle était ce que sont les vagues pour l’océan. L’océan est, par lui-même, que les vagues soient ou ne soient pas.

Retournons à présent à al-Insân al-Kâmil, à partir du moment où il est la théophanie de l’Essence divine, ainsi que de la capacité (qudra) divine, rien ne peut exercer d’influence sur ce qu’elle est. Plutôt, c’est elle qui exerce son influence sur la multitude des réalités ésotériques émanant de la Source de l’Essence. L’Essence décrète ainsi à sa guise l’occultation de la forme apparente d’une certaine Haqiqa, et l’apparition d’une certaine autre forme.

Tel est al-Insân al-Kâmil. Allâh ﷻ a établi en lui une part occultée (bâtin), afin que puisse se manifester ce qui en est apparent (dhâhir). C’est en ce sens que sayiduna al-Mustafa ﷺ était désigné comme mangeant la nourriture, et marchant dans les marchés. C’est-à-dire qu’il apparaissait, d’une forme apparente, en tant qu’être humain normal. Mais si Allâh ﷻ a voulu qu’il en soit ainsi, c’est dans le but de garder occultée en lui une forme noble et élevée (‘olwi)… de la même manière que l’esprit est caché et occulté au sein d’une forme corporelle physique.

C’est-à-dire que cet esprit, qui est un Souffle divin, est occulté (bâtin) dans un corps limité et fini. Et si ce corps limité et fini est apparu, ce n’est que dans le but de rendre occulté cet esprit divin. Ce corps, dont la forme apparente n’est rien du tout… une illusion, du fanâ, sans aucune existence propre, conformément au verset « Tout ce qui est sur elle doit disparaître, ne subsistera que la Face de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse [5]. » … seulement dans le même temps, ce même corps, cette idole, est tout de même porteuse du Souffle divin.

Si le Seigneur veut rendre apparent ce Souffle, il Lui faut faire mourir, aux perceptions de l’individu, la considération de cette forme corporelle apparente. Ceci peut être fait par la mort naturelle et définitive, de laquelle on ne revient jamais, auquel cas on dit :
« Untel est décédé, qu’Allâh lui fasse miséricorde. »
Si l’individu est effectivement mort, alors son esprit est libéré, ou autrement dit il est révélé et devient apparent. Le corps, ou la forme apparente, est retourné à un état occulté (sous la terre), et à l’inverse apparait ce qui jusqu’alors demeurait occulté en lui, à savoir ce Souffle divin et primordial.

De cela, on comprend et on réalise à quel point la Scission (fasl) est importante et nécessaire, dans la Voie. Tu ne peux réunir simultanément deux parfaits opposés, excepté dans la mesure où tu serais détenteur de la Science du fasl absolu (fasl al-moutlaq). C’est pour cette raison que l’Homme se doit de rechercher, de son vivant, le fanâ, l’extinction totale. Et le fanâ, c’est la mort. Une mort volontaire… l’individu recherche la mort, afin d’être en mesure d’entrer dans un état d’absolue non-considération de sa forme corporelle apparente, et que de ce fait son esprit puisse se libérer. Car si l’esprit, occulté dans la forme apparente de l’individu, parvient à se libérer, c’est-à-dire au travers du fasl… alors, ce qui est apparent devient occulté, et ce qui est occulté devient apparent.

Quel est donc ce qui réunit entièrement et de manière absolue les opposés deux-à-deux ? C’est le Secret de la Scission (fasl). N’en déplaise à certains dans la Voie qui n’ont pas compris ce à quoi renvoyait le fasl… et qui s’imaginent que le fasl, c’est la sortie de la religion, etc. Au contraire ! C’est la pleine réalisation (tahqîq) de la religion.

L’occultation (boutoûn) devient l’apparition (dhouhoûr) même, dans la forme d’un barzakh (un Homme), et ceci est appelé la Capacité (qudra). Selon la Haqiqa, cette qudra découle de l’Essence (dhât). Les émanations de l’Essence ou ce qu’elle accomplit par elle-même, sont nommées qudra (capacité), tandis que son dévoilement à autrui est nommé ‘ilm (science). C’est pour cela que l’on parle de nawâmis al-ilâhiya.

A quoi cela renvoie-t-il ?
Lorsque par exemple une révélation (wahiy) est parvenue à sayidina al-Mustafa ﷺ, on l’appela nâmis [6], parce que c’est quelque chose qu’il a pris par voie de dévoilement (kashf). De son point de vue, il s’agit donc de Science (‘ilm). En revanche, depuis le point de vue du Vrai ﷻ, il s’agit de Capacité (qudra). Ainsi, lorsque l’individu reçoit un dévoilement, c’est considéré comme une science, tandis que du point de vue du Vrai ﷻ, c’est une capacité.

En vérité, selon la Haqiqa, il n’existe aucune connaissance en dehors de l’Essence d’Allâh, se manifestant au travers des réalités de Ses Noms. L’Essence comprend et englobe une multitude de statuts et de lois. Ceci est clairement apparent au travers de la diversité des Noms indicateurs de l’Essence divine : le Premier (al-Awwal) et le Dernier (al-Akhir), l’Apparent (al-Dhâhir) et l’Occulté (al-Bâtin). Le Nom al-Awwal n’est pas plus en droit sur l’Essence que al-Akhir. En aucun cas tu ne peux dire une telle chose… car si tu affirmais que le Nom al-Awwal était prioritaire, dans la quête de la connaissance de l’Essence divine, et que al-Akhir intervenait, dans cette même quête, à postériori… alors tu désignerais et considèrerais par là-même que le Vrai est créature. Tu aurais dans ce cas associé, et tu serais devenu du nombre de ceux qui ont perdu le Tawhîd d’Allâh et sont tombés dans le chirk caché.

En cela tu constates à quel point le domaine du Tawhîd est délicat, subtil, et extrêmement difficile à réaliser. La croyance (‘aqida) consiste en un nœud (‘oqda), que tu dois établir en ton cœur à l’image de sayidina al-Mustafa ﷺ. Seulement tu ne pourras réaliser cela qu’en atteignant la connaissance de ce qui oppose les Noms divins, et de ce qui renvoie chacun d’entre eux à l’Essence Suprême, sans prévalence ni devancement d’aucun Nom sur aucun autre. Alors, tu auras effectivement établi un nœud (‘oqda) conforme à ce qu’il t’est demandé, dans la connaissance (ma’rifa) du Vrai ﷻ et dans la réalisation de Son Tawhîd.

Disions-nous, le Premier (al-Awwal) n’est pas davantage enclin à te faire accéder à la ma’rifa que le Dernier (al-Akhir), ni l’Apparent (al-Dhâhir) que l’Occulté (al-Bâtin). Donc lorsqu’on parle de science cachée (‘ilm al-bâtin), ou d’ésotérisme, il ne s’agit pas là d’une discipline qui serait plus en droit, plus proche ou plus à même de te mener à la connaissance d’Allâh que la science apparente (‘ilm al-dhâhir), ou exotérisme. Tous deux sont à considérer ensembles, sur le même plan d’égalité, avec la même proximité et la même nécessité de s’y conformer, et surtout avec la même capacité (qudra) de mener à la connaissance d’Allâh ﷻ.

De là, la Science d’Allâh ﷻ suit les choses connues, car Sa Science embrasse toutes les choses connues, excepté du point de vue de l’absolu Essentiel, et non pas du point de vue du confinement (taqyid) temporel. Tu dis ainsi que cette chose qui s’est produite, s’est produite avec un certain retard, et de ce fait sa science fut retardée, relativement à ce qui te permet de retourner le tout à l’Essence Suprême. Et puis lorsque tu considères le temps passé, avec sayidina Adam ou bien Moussa (‘alayhima s-salâm), tu dis que cela a précédé, dans la connaissance de l’Essence Suprême, du fait de l’antériorité temporelle des événements liés à ces prophètes…

Ceci dit, sayiduna al-Mustafa ﷺ nous donna deux Hadîth, que nous répétons très souvent, et dans lesquels il nous informe qu’il est ﷺ à la fois le premier et le sceau des prophètes[7]. En ceci, sayiduna al-Mustafa ﷺ nous informe avoir réuni à la fois l’antériorité (awwaliya) et ce qui vient sceller (khatmiya), dans le fait de justement ne pas faire prévaloir ni au contraire retarder quelque considération que ce soit, dans sa réalisation de la connaissance de l’Essence Suprême. C’est en cela que tu te vois mis en échec, incapable d’embrasser la connaissance de sayidina al-Mustafa ﷺ.

Tu parles, tu affirmes que sayiduna al-Mustafa ﷺ est Lumière… et tu t’imagines avoir traité ici de réalités ésotériques (Haqâ’iq)… Bien sûr que non ! Le fait que al-Mustafa ﷺ soit Lumière, ça même les enfants le savent ! Il n’y a aucun problème dans la compréhension de cela, aucune ambiguïté dans la compréhension du Hadîth qudsi « Je pris une Poignée de ma Lumière et lui dis : « Sois Muhammad ! » », car ce athar fut confirmé et appuyé par d’autres Hadîth considérés comme éminemment authentiques.

Le problème n’est pas ici de savoir ce qui est une évidence pour tous… mais plutôt, la ma’rifa résidera ici en le fait de comprendre le « comment » de cette Poignée (qabda) de Lumière… parce que si l’on considère la Lumière au travers de « Je pris une Poignée de ma Lumière et lui dis : « Sois Muhammad ! » », elle relève alors du domaine de la création : sa science ne sort donc pas du domaine de ce qui est créé.

Mais si l’on considère à présent ce Hadîth de la manière suivante, à savoir en deux parties bien distinctes : « Je pris une Poignée de ma Lumière » d’une part, et d’autre part : « « Sois Muhammad ! » », alors nous obtenons deux demi-cercles, nous renvoyant à la mise en vis-à-vis de l’arc du Vrai et de l’arc de la créature, ou dit autrement : l’arc de la Table Essentielle (al-lawh al-dhâti) et l’arc de la Table gardée (al-lawh al-mahfoûdh), dans laquelle se trouve inscrit tout ce qui fut, tout ce qui est, et tout ce qui sera.


[1] Sourate al-Wâqi’a, versets 75 à 80.
[2] Rapporté par at-Tabaraniy et al-Hakim.
[3] Sourate al-Qalam, verset 1.
[4] Sourate Âlu ‘Imrân, verset 97.
[5] Sourate ar-Rahmân, versets 26 et 27.
[6] Nâmis : singulier de nawâmis.
[7] « J’étais prophète tandis que Adam était entre l’argile et l’eau. » et « Je suis le sceau des Prophètes. »

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